Vol. 11 No. 2 1944 - page 183

Poems
A Dominique De Menil
VOUS NE SAUREZ JAMAIS
Vous ne saurez jamais rna soif mon angoisse
Des vi<;age douloureux, des nebuleuses obscures,
Des sourires lumineux, des carrefours tordus,
Du temps qui nait, du temps qui meurt,
Des fenetres closes, des tombes etales
Sous le baiser humide du ciel
Vous ne saurez jamais mon desir mon delire
Du cri de l'homme, de l'herbe en priere,
Des rayons de rniel, de Ia mort qui pue,
Des ruelles verticales, des quais huileux,
Du sang sur Ia bouche;
d~
femmes ouvertes
A Ia danse sauvage de
I'
amour
Vous ne suarez jamais rna piete rna passion
Des mains calleuses, des fleuves somnolents,
Du bleu de Ia nuit, des siecles perdus,
Des pas dans le sable, des barricades hatives,
Des silences terribles, de Ia colere qui leve
Dans Ia patience tragique du monde
DES COUDES SUR LA TABLE
Tu vois ici, il y avait ici,
il
y aura
une
ame
dans les pierres, une fille dans Ia bouche,
une Dame au bord de l'eau, un coeur au bord du ciel,
un peuple comme c;a, aux carrefours eclatants,
comme c;a qui allait qui avait
envie de vivre.
Tu vois ici, je voudrais ici, crier prier
lumiere de mes fenetres, sourire de mes rues;
quais dans Ia brume, bonjour Antoinette,
solei! du matin, ruisseaux d'etoiles,
Seine sous les ponts aux bras si large
qu'un jour Ia lune y pleura.
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