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Theoretical Ethics

Considérations sur l'identité de la morale actuelle

Vidam Teodor
TECHNICAL UNIV OF CLUJ-NAPOCA

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ABSTRACT: This study presents some clarifyings of conceptual order concerning the understanding of several basic terms such as: morality, morals and ethics. Morality is presented as a colective work, spontaneous, as a result of peculiar experience, not as a lived or experimented experience, but one that refers to the effort of achievement of an ideal. Due to the internal conditions that made it possible (liberty, will, consciousness) morality is founded affectivly before it manifests rationally. Morals is in the same time a product and a project: as a product includs intimate determinations between morality, amorality and imorality, as a project it is a step of the conviction regarding participation in social changes. Ethics is a second but not secondary (corpus) a systematized of value judgements about human rules. Peculiars ethics (medical, bioethics, ethology a.s.o.) must take part in forming a general-human morals in the next millenium, under the direction of communication ethics, the only ethics placed under the sign of postmetaphisics thinking.

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Aborder un tel problème exige au préalable certaines clarification d'ordre conceptuel liées à la compréhension de certains termes de base: moralité, morale et éthique, clarifications ajournées mais nécessaire pour la juste compréhension de la question en discussion.

A. La moralité, de même que le langage est un oeuvre spontanée et colective. Elle est un fait qui ne peut être ni dédui ni démontré. Elle caractérise l'experience vécue, son substrat affectif originaire et original de même que les relations interpersonelles de reconnaissance réciproque. Comme le relève G.Bastiade "la construction de la moralité ne peut être qu'une oeuvre commune qui implique la présence de tous pour chacun et de chacun pour tous"(G.Bastide, Traité de l'action morale, P.U.F.Paris, 1961, p.171).

Le préréflexif précède génetiquement, à laquelle il assure la matière de la prise de conscience. L'action morale ne peut être déduite ni de l'ontologie ni de l'axiologie, ni de la marche de l'historie. Elle jaillit du centre de notre intimité personnelle et acquiert de la consistance de valeur par le tissu des relations interpersonnelles. L'expérience qui engendre l'état de moralité ne se rédui ni à l'expérience vécue ni à l'expérience expérimentée, mais elle représente l'effort de réaliser un idéal.

Cet effort sollicite tout d'abord les conditions internes de la moralité: la liberté, la volonté et la conscience. L'expérience de la liberté parcourt plusieurs phases, depuis la spontanéité de la vie psychique ou rationelle jusqu'à la connaissance, l'identification et la maîtrise de soi. intime dans le creuset de l'être humaine des pulsions, des impulsions, des mobiles et des motifs; le voulu se rapporte aux buts que l'on poursuit, buts qui sollicitent l'implication de la consecience en qualite de témoin et de juge.

La moralité se constitue à la fois dans le périmètre de l'existence sociale et individuelle par la subordination de l'involontaire au volontaire, du spontané au conscient, de ce qui est convenable, opportun, illégitime au légitime, à ce qui convient qui est raisonnable. Dans ce sens, J.Habermas précise: "la moralité ne découle pas directement de la rationnalité téléologique "(2.J.Habermas, De l'éthique de la discussion, L'Edition du Cerf, Paris 1992, p.42).

La morale antique n'a pas réusi à comprendre la moralité puisqu'elle a voulu l'expliquer soit en fonction d'un naturalisme cosmique, soit à partir des exigences intrinsèques de la nature humaine en général. La morale chrétienne, par son exposant le plus digne, Jésus-Christ "His life was spent in wondering over the narrow strip of ground between Capernaum and Jerusalem"/ (3. E.Westermark, Christianity and words, London, 1939, p.41.) a découvert la dimension intérieur de la moralité (l'élan affectif basé sur l'amour), et par la substitution d'Abraham par le pére céleste a fait que la moralite acquière un caractère universel.

La présence et l'activité de Jésus-Christ a assuré une cîme encore inégalée dans la manifestation de la moralité: l'absence de tout ressentiment et de tout esprit de vengeance; la révélation d'un royaume de Dieu dans ce monde en tant qu'état de l'âme; l'acceptation de la mort pour cette croyance fait de sa vie un moment de référence.

Avec la morale moderne, la moralité, devient problématique. Ainsi selon I.Kant, la moralité ne nous apprendre pas comment être heureux, mais comment mériter le bonheur. Elle est abordée sous plusieurs angles (biologisant, psychologisant, sociologisant, axiologisant) d'orientation et de facture évidemment réductioniste. La psychologie, la sociologie, la linguistique, nous proposent des interprétations contextualistes qui nous éloignent de l'universel mettant sur le premier plan le particulier.

Or, le "Rubicon" doit être passé. Selon les contextualistes il n'y a pas de rationnalité au singulier, il n'y a que "des rationalités", qui imprègnent de diverses cultures, images du monde, traditions et formes de vie. La tendance d'abstractisation et d'idéalisation ne doit pas être stopé à cause de la polychromie des rationnalités, en vue de constituer une morale généralement humaine.

Le terme de moralité ne se reduit pas aux penchants d'ordre insinctuel, aux impulsions élémentaires communnes à tous les hommes, à ce qui est psychiquement vécu, aux habitudes, ni à un état idéal d'ordre atemporel. Elle occupe une place à part dans le monde du social, se manifestant par trois hypostases distinctes qui fonctionnent de facon unitaire: la moralité communautaire, personnelle et idéale.

Ce n'est pas l'individu qui est le < générateur > des préceptes moraux; leur climat d'éclossion est constitué par les relations interpersonnelles et les relations institutionnalisées qui s'établissent entre des personnes associées, puisque les préceptes moraux sont l'expression de l'organisation et du fonctionnement de la société humaine. La moralité communautaire rend sociaux les actes personnels, les qualifie par l'approbation et la désapprobation. La moralité personnelle dépasse le seuil de la conservation et de la survivance de l'être humain par son mûrissement psycho-intellectuel et le processus de perfectionnement. Le conditionnement entre eux a lieu sous la surveillance de la moralité idéale. Il montre le directions de convergence, l'accroissement de l'autonomie et l'affirmation d'un comportement digne et responsable.

Le revers de la moralité est l'immoralité. La souffrance, la misére, la guerre, la mort sont mauvaises parce qu'elle contiennent et provoquent le désordre, l'abaissement et la dégradation de l'être humain. L'amoralité nous dévoile une zone de l'indifférence, où cesse, à cause de la perte du sentiment de la valeur, la confrontation entre l'humain et l'inhumain. Elle est un "no man's land".

La moralité reste dans un état létargique ou lacunaire si elle refuse les interrogations de la morale. Elle n'est pas réellement valorisée si la réflexion de la consecience morale d'ordre personnel n'a pas lieu. Le passage de l'accepté, du supporté et du convenable à une attitude assumée, éveillée et vigilante, qui sait séparer le bien du mal dans le plan de l'existence individuelle et sociale est une nécessité de premier ordre dans le contexte de la civilisation et de la culture actuelle.

B. La morale. Le passage de la moralité à la morale résulte du besoin de repères et de responsabilité. La morale appartient à la sphère de l'action mais en même temps elle analyse, critique et oriente. Elle est à la fois produit et projet: produit, grâce, à l'entrelancement et aux interconditionnements entre la moralité, l'amoralité et l'immoralité: projet puisqu'il lui est impossible de se soustraire au devenir social, aux changements qui s'imposent à nous ou que nous choisissons. En tant que produit, la morale attend, parfois, du propre cours de l'action, certaines clarifications. En tant que projet, visant le changement des états de choses, elle ne peut éliminer certaines incertitudes et une certaine opacité.

Le paradoxe de la morale est d'osciller entre les nécesités de l'action d'orienter, en vertu d'un cumul de présuppositions, et d'être une démarche de la conviction, qui practique l'adhesion et prend part à l'action . Elle entre en contradiction avec la moralité par une réflexion attentive d'ordre critique. Si la moralité est sentie et vécue dans le flux et les reflux de l'experience de vie, la morale ocupe une position à l'interieur de la culture. Elle dépasse l'horizon de la moralité puisqu'elle répond devant la conscience, instance que ni la peur ni la loi ne peuvent remplacer. La morale ne se demande pas ce qui est la vérité en soi mais quelle est la valeur de la vérité pour la vie.

A juste titre G.Bastide constate que "le spirituel comprend l'empirique, mais l'empirique ne comprend pas le spirituel"(4.G.Bastide.,Traité de l'action morale, PUF, Paris, 1961, p.323).La communication réalise le passage de la moralité à la morale, ce par quoi on affirme et on reconnaît l'identité personnelle socialisée, par laquelle la morale devient un contrepoids de la vulnérabilité de l'être humain. Par la coopération entre les motifs et les normes on passe de la fondation affective de la moralité à l'affirmation du caractère rationnel de la morale. L'affectivité anime, ouvre et approfondit le rationnel, et le rationnel à son tour éclaire et enrichit l'affectivité. La morale se manifeste en fonction des rapport interactifs entre les gens, réglementés par des normes.

L'identité dans la morale moderne a été assurée en principal de trois sources: l'amour de divinité, ancré dans la tradition chrétiene: l'autoresponsabilité du sujet, mise en evidence à l'époque des lumiéres; la foi romantique dans la bonté de la nature et le respect à l'égard de la justice, la liberté, le bien-être et l'abolition de la souffrance. La morale antique a proposé comme modèle humain le sage, la morale chrétienne le saint, la morale moderne le citoyen, tandis que la morale actuelle ne dispose pas encore d'une identité, ni d'un modéle humain comme point d'appui.

Il s'est cristallisé, pourtant, du point de vue historique, un trajet idéatique. Tout d'abord, la morale chrétienne a affirmé le caractère universel de la moralité. En second lieu, R.Descartes a distingue la morale provisoire de la morale généralement humaine en tant que projet d'avenir. En troisième lieu, I.Kant maintient le critère de l'universalité comme étant définitoire dans la conception et la comprehension de la moralité.

C. L'éthique. Pour éviter les confusions et pou essayer de définir du moins approximativement l'identité de la morale actuelle, il est temps de distinguer l'éthique de la morale. Par rapport à la morale, l'ethique est ue recherche systématique d'ordre second mais non secondaire. Son objet de recherche est l'étude des jugements de valeur sur les conduites humaines; elle est corpus ordonée de principes et de règles morales.

L'éthique part d'une hypothèse ou d'une autre en fonction de la prudence engendrée par l' intérêt et le calcul. De l'experience, elle tire des lecons qu'elle nous propose, tachant de réconcilier la morale avec divers intérêts, soit par la conjonction, soit par la disjonction. Elle est une investion à long terme, tandis que la morale n'exite pas sans risque puisqu'elle met en jeu notre liberté. L'éthique tente de rectifier ce que l'education n'a pas pris en compte, bien qu'essentiel.

Il existe une crainte d'être moral tout seul. La malhonnêté et la mauvaise volonté ne se pas paient pas toujours. D'ici l'opportunisme et la lâcheté qu'une ethique ou autre peuvent cacher pour diverses raisons. La morale fait partie de la sphère de l'action et de la culture, tandis que l'éthique est une instance de justification et un gage de la reussite. Par des arguments, des propositions de nouveaux horizons de valeurs, elle peut influencer négativement ou positivement l'état de moralité.

Aussi considérons-nous que tout type d'éthique particulière (médicale, bioéthique, éthologie, etc.) doit contribuer à la constitution et à l'affirmation d'une morale généralment humaine dont il sera besoin dans le prochain millénaire. Cette morale ne peut partir de la prémisse que la philosophie actuélle se presente comme un bizare mélange d'ontologie et d'anthropologie, de téologie et d'athéisme, de spiritualisme chrétien et de dialectique hégélienne, de phénoménologie scolastique et de fulguration nietzschéenne.

Il est évident que sans la formation d'une volonté publique on ne peut réaliser aucun acte majeur dans l'histoire. Les représentations de la morale généralement humaine du prochaine millénaire se polarisent autour de la fraternité, de la communication et de la communion, assumant d'une façon tout aussi responsable le destin individuel et colectif, admettant un traitment généreux et solidaire, possible grâce à un bien commun.

Le respect de la parole donnée, la cohésion entre le intentions et les actions, la communication et la communion qui conduisent à la confiance et à l'amour, s'annoncent être les valeur morales qui définiront le millénaire à venir. L'homme n'est rien d'autre que l'evolution devenue consciente d'elle-même, Le problème essen_iel de l'homme est la compréhension de sa position dans le monde. Dans ses derniers écrits N. Hartmann reconnaît: "La valeur morale et les révendications sont en dépit de l'idéalité et de l'atemporalité: à la limite des exigence du réel(realitäts bezogen")(5.N.Hartmann, Von Wesen Sittliche Forderungen, Kleinere Schriften, vol.I., Berlin, 1955, p.310).

Elles ne sont ni transcedentales ni immanentes mais elles se constituent, sur le trajet entre l'homme et les hommes, entre moi et nous et inversement. Le pouvoir ne suffit pas a son détenteur parce qu'il doit se légitimer. De cette façon, les valeur morales nous dévoilent leur valences critiques, constructives, thérapeutique et formatives.

Un penseur roumain, préoccupé et tourmentée par la problématique d'une morale généralement humaine Tudor Vianu, soutient: "Si l'humanité dans son ensemble se déplace difficilement vers les cibles du progrés moral, l'anoblissement de l'individu n'est pas un fait qui ne puisse être nul part recontré. Et si les valeurs morales de l'induvidu peuvent s'additionner entre elles, l'espoir de l'accroissement moral dans l'humanité ne doit pas être abandonné"(T.Vianu, Studii de filosofie a culturii,Ed.Eminescu, Bucuresti, 1982, p.93).

En conclusion, nous appuyant sur les morales antérieur, la nouvelle morale généralement humaine dont nous avons besoin dans le millénaire à venir est une morale ouverte, une morale qui sera fondée sur une existence autonome, assumée, responsablé et digne, une morale qui sait que la communication et la communion qui mènent à la confiace et à l'amour rendent possible la générosité qui, même si elle est difficile, n'est pas impossible.

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Bibliography

1. Bastide,G., "Traité de l'action morale", P.V.F.,Paris, 1961.

2. Habermas,J., " De l'ethique de la discussion" Le Édition du Cerf, Paris, 1992.

3. Hartmann,N., "Vom Vesen Sittlicher Forderungen", Kleinere Schriften, vol.I, Berlin,1955.

4. Vianu,T., "Studii de filosofie a Culturii", Ed. Eminescu, Bucure_ti, 1982.

5. Westermark,E., "Christianity and morales" London, 1939.

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