ABSTRACT: Some scholars have found the dealing of the problem of predication, or attribution, in the Sophist (251a-e), a "digression," or a treatment of "a trivial question" and "an insignificant example." We propose to reconsider the importance of Plato’s doctrine on the subject from the point of view of the epistemology- ontology relationship in Plato. This leads to a replacement of the passage inside the whole dialogue. Beginning with the definition of the sophist, Plato goes on to treat the "mimetic" art and finds himself confronting a perplexing difficulty: how to understand falsehood, either in thought or in discourse. This is an epistemological difficulty, which raises the central difficulty of how to attribute non-being to being. So, the heart of the matter is the possibility of predication, as Plato states very clearly (238a). The solution arises from the doctrine of the community of species, making possible any attribution of one thing to another. In looking carefully to the dialogue as a whole, we find that the passage 251a-e, dealing with the general problem of predication, occupies a central position, in all meanings, even numerically (between 236e and 264a).

Dans le passage 251 a-e du Sophiste, Platon pose d'abord le problème de la prédication, ensuite celui de la "communauté des genres". Quel est le lien entre ces deux problèmes? et quel est la place de ce passage (I) dans l'ensemble des développements du Sophiste?

(I) "Expliquons ... comment il se peut faire que nous désignions une seule et même chose par une pluralité de noms ... Nous énonçons "l'homme" ... en lui appliquant de multiples dénominations. Nous lui attribuons couleurs, formes, grandeures, vices et vertus; en toutes ces attributions, comme en des milliers d'autres, ce n'est point seulement homme que nous l'affirmons être, mais encore bon, et d'autres qualifications en nombre illimité. C'est ainsi pour tous autres objets: nous ne posons, également, chacun d'eux comme un que pour le dire aussitôt multiple et désigner par une multiplicité de noms ... Et c'est, je pense, servir, aux jeunes ou bien à quelques vieux, tard venus sur les bancs, un beau régal. La riposte immédiate, en effet, le premier venu la trouve toute prête, qu'il est impossible que le multiple soit un, et que l'un soit multiple. Et, bien entendu, ils prennent plaisir à ne point permettre que l'homme soit dit bon, mais seulement que le bon soit dit bon, et l'homme, homme ... Nous sera-t-il interdit d'unir l'être au repos et au mouvement, aussi bien que d'unir l'une à l'autre aucune chose qui soit, et, les regardant, au contraire, comme inalliables, comme incapables de participation mutuelle, les traiterons-nous comme telles en notre langage? Ou bien les mélangerons-nous toutes ensemble en les supposant capables de s'associer mutuellement? Ou, enfin, dirons-nous que les unes ont ce pouvoir, et les autres, non? "(trad. Diès, Sophiste, Coll. G. Budé; sauf indication contraire, les traductions citées seront celles de Diès).

A. Diès voyait dans l'apparition du problème de la prédication une forme de digression subite qui vient à propos pour introduire le problème de la communauté des genres (1); V. Goldschmidt voit dans le passage 251 a-b un exemple banal (2); cette position est proche de celle de Cornford pour qui 251 a-c n'est qu'une question triviale et qui est d'ailleurs exclue pour traiter celle de la communication entre les Formes.(3)

En considérant ce passage au point de vue des rapports épistémologie - ontologie, nous essayerons de faire valoir l'importance en soi du problème de la prédication dans le Sophiste, de préciser ses liens avec le problème de la communication des genres, de déterminer sa place et plus généralement celle du passage 251 a-e dans l'ensemble du dialogue, et en particulier ses attaches avec le passage 259 e- 264 b.

Qu'est-ce qui fait que le problème de la prédication soit posé à ce stade du dialogue et en ces termes?

Le cadre général du dialogue est, on le sait, la définition du sophiste. Après six essais de définition (218 b - 231 e), l'Etranger, qui mène la discussion, s'arrète devant "l'art qui fabrique les images", la mimétique, et qui a deux formes: l'art de la copie et l'art du simulacre; il avoue sa perplexité devant le problème "de savoir dans lequel de ces arts loger le sophiste"(4). "C'est un vrai prodige que cet homme, et le saisir à fond est bien difficile, puisque cette fois encore, le voilà bel et bien réfugié dans une forme dont le mystère est inextricable" (5). "Nous Voilà réellement ... devant une question extrêmement difficile; car paraître et sembler sans être, dire quelque chose sans pourtant dire vrai, ce sont là formules qui, toutes, sont grosses d'embarras, aujourd'hui comme hier et comme toujours. Quelle formule, en effet, trouver pour dire ou penser que le faux est réel, sans que, à la proférer, on reste enchevêtré dans la contradiction, la question est vraiment, Théétète, d'une difficulté extrême" (6). Il importait de citer ces textes qui terminent la première partie du dialogue: ils précisent en effet d'une façon lumineuse le véritable problème de tout le dialogue : celui de la fausseté. Or, qu'est-ce que la fausseté, sinon une certaine relation entre un sujet et un prédicat? Le problème du Sophiste est ainsi, plus généralement, celui de la prédication. Le lien entre 236 d-e et 251 a-c est alors visible: ici c'est le problème particulier de la fausseté qui est posé; là il est posé en termes plus généraux, en termes de prédicabilité. Une fois le problème général posé, le but du dialogue devient la proposition d'une théorie sur la possibillité de la prédication dont la modalité rendrait la fausseté intelligible; ce but sera atteint à 259 e-264 b. Il y a ainsi trois relais dans cette recherche : position du problème particulier de la fausseté (236 d - 237 a), position du problème général de la prédicabilité (251 a-c), théorie de la prédication permettant d'expliquer la fausseté (259 e - 264 a).

Examinons tout d'abord le passage entre les deux premiers relais, c'est-à dire entre 236 d - 237 a et la première partie de notre passage, 251 a-c.

L'une des approches les plus fécondes à la philosophie platonicienne, du moins la philosophie des dialogues de maturité et de vieillesse, est celle des rapports entre l'ontologie et l'épistémologie. Le Sophiste est un dialogue particulièrement propice à une telle approche :ses questions ontologiques sont en effet traitées à propos de problèmes épistémologiques, en l'occurence celui de la prédication et plus particulièrement celui de la fausseté, et en vue de leur solution; d'autre part, la solution de ces derniers dépend absolument d'une réforme ontologique adéquate. Le renvoi de l'épistémologique à l'ontologique est constant dans notre dialogue; il est même régulier: en effet, les "espaces" qui séparent nos trois relais sont des "espaces" ontologiques; plus encore, notre passage lui-même est un petit modèle de transition de l'épistémologique (problème de la prédication) à l'ontologique (problème de la communication des genres). Regardons d'abord le passage ontologique entre la position du problème de la fausseté et le texte sur la prédication.

Tout de suite après les lignes que nous avons citées sur l'extrême

difficulté de la question de la fausseté, l'Etranger déclare: "L'audace d'une pareille assertion [que la fausseté soit possible] est qu'elle suppose être le non-être: point de fausseté possible, en effet, sans cette condition"(7). En termes plus clairs, un problème épistémologique est ici "traduit" en termes ontologiques: ce qui est faux sur le plan du discours et de la pensée suppose être ce qui n'est pas (à l'arrière-fond de tous ces développements se trouve l'exigence du principe de l'objectivité de la pensée : on ne pense que ce qui est (8)). Mais est-il possible de dire, sans contradiction, du non-être qu'il est? C'est-là la difficulté. Voilà donc déja le problème de la fausseté transcendé, et celui, plus général, de la prédication implicitement posé : le fond de la difficulté devient l'attribution de l'être au non-être.(9)

Ce n'est pas là une conjecture de notre part. A 237 c 10-11 Platon emploie le terme pherein avec la préposition epi (cf. encore c 8, ) pour parler de la mise en liaison entre être et non-être; Robin traduit ce terme par "rapporter", et Diès eploie carrément "attribuer" (10).

Dans 238 a Platon dit en toutes lettres que le coeur du problème est une affaire de prédication:

"La difficulté qui reste est la plus grade et la première de toutes. C'est, en effet, dans le principe même qu'elle réside ... A l'être, je crois, peut venir s'accoler quelque autre être... Mais que quelque être s'accole (11) jamais à du non-être, affirmerons-nous cela possible?" (12).

Dans 238 c 7 Platon emploie le terme prosarmottein (Diès: "assembler", Cornford: "attaching") dans une phrase que Robin traduit ainsi: "Il n'y a ni justice ni correction à essayer d'ajuster à du non-existant l'attribut de l'existence" (13). Le problème est plus grave encore (cf. 238 d), puisqu'il s'agit de l'attribution non seulment de l'être, mais encore d'autres attributs au non-être:

"Bande toutes tes forces, dit l'Etranger à Théétète, et, sans accoler(14) du non-être, ni l'être, ni l'unité, ni la pluralité numérique, essaie de proférer une énonciation correcte à son sujet"(15).

Dans 240 c 7, enfin, Platon lachera, en parlant toujours de l'être et du non-être, un mot qui sera le centre de sa théorie sur la prédication dans 259 e - 264 a : c'est le mot sumplokê, "entrelacement". Signe éminent du rapport étroit entre l'ontologique et l'épistémologique, de la liaison entre le problème ontologique du non-être et le problème épistémologique de la prédication,

On le voit donc clairement, par le témoignage des textes eux-mêmes: la traduction du problème épistémologique de la fausseté en termes ontologiques amène à la position du problème plus général de la prédication.

La position du problème du non-être (237 a) n'est pas seulement une traduction ontologique du problème de la fausseté; c'est aussi une réduction, un retour aux principes, une fondation et un dépassement ontologiques: pour resoudre un problème d'une telle importance, seul le recours aux fondements, et même leurs réformes, pourrait apporter une solution; or les fondements sont ontologiques. C'est ainsi que nous voyons Platon accomplir un tour d'horizon non seulement des thèses parménidéennes sur la négation du non-être et sur l'immobilité de l'Un, donc la négation de la multiplicité, mais encore d'autres théories de l'être. Il n'est pas de notre propos d'entrer ici dans l'examen de ces théories; disons seulement que l'intérêt de cet exposé réside, pour nous ici, dans deux faits:

a) le rétablissement du mouvement, à coté du repos, au sein de l'être (16);

b) La mise en relief précisément de ces trois concepts: être, repos (immobilité) et mouvement, qui seront considérés comme "les genres suprêmes" et joueront un rôle essentiel dans la solution des problèmes envisagés.

En résumé, les acquis des pages qui séparent la position du problème particulier de la fausseté et celle du problème général de la prédication, consistent en:

a) La traduction ontologique de la question de la fausseté; cela permet d'élargir le débat et de mettre en évidence le problème de l'attribution de l'être, et d'autres attributs encore, au non-être.

b) Le fondement de cette question sur un problème ontologique.

c) Enfin un exposé des doctrines antérieures sur l'être, surtout la doctrine parménidéenne, qui met en évidence trois concepts fondamentaux: être, immobilitê, mouvement.

Le premier acquis prépare la position du probème de la predication; le second montre la liaison épistémologie-ontologie et indique déja la voie nécessaire de la solution et prépare l' enchaînement dans le passage 251 a - e du problème épistémologique de la prédication à celui ontologique de la communauté des genres; le troisième précise le terrain de la solution (rapports entre les trois genres suprêmes), et introduit directement, du moins dans l'intention de Platon, semble-t-il, le problème de la prédication, en parlant des rapports entre être, mouvement et repos, où l'être est dit et du mouvement et du repos, cependant qu'il ne peut être dit, lui, ni en mouvement ni en repos (cf. 250 a - d).

Nous en sommes donc arrivés à notre passage. Sa première partie (251 a-c) pose la question de savoir "comment il se peut faire que nous désignons une seule et même chose par une pluralité de noms" (17).

Ce qui attire l'attention dans ces lignes est que ce problème est lié à la fameuse difficulté de l'Un et du Multiple; il est vrai que nous sommes en face de la doctrine parménidéenne qui nie non seulement le non-être mais encore la multiplicité. Les lignes citées, il faut bien le souligner, posent le problème en termes généraux. C'est seulement après qu'est proposé l'exemple de l'attribution à l'homme de qualifications diverses. Mais il y a un autre exemple, ou plus exactement un autre cas. C'est un cas privilégié, puisqu'il s'agit des rapports triangulaires entre être, mouvement et repos: "Nous sera-t-il interdit d'unir l'être au repos et au mouvement, aussi bien que d'unir l'une à l'autre aucunes choses qui soient... etc..." (cf. le texte entier au début de cet article).

Ce "cas" reprend donc le problème épistémologique mais en termes ontologiques, et avec lui commence la véritable partie positive du dialogue. Cette partie se compose de deux sections: l'une (251 d - 259 d) est ontologique, l'autre (259 d - 264 a) épistémologique. La section ontologique établit la modalité adéquate des repports entre les trois genres suprêmes et met en évidence deux nouveaux concepts : "même" et "autre". Cette section prépare seulement, ontologiquement, la solution qu'apportera la section épistémologique en utilisant les concepts de "même", "autre", "être" et "non-être"; cette solution épistémologique d'un problème épistémologique (l'explication de la fausseté), passera d'abord par une théorie sur la prédication. Nous retrouvons ainsi nos trois relais : position du problème de la fausseté, position de celui de la prédication, enfin une théorie sur celle-ci; cette théorie apportera la solution du premier problème.

Il est temps maintenant de montrer le lien entre le texte 251 a-c et le passage 259 e - 264 a, qui constitue, à notre avis, une reprise, par-delà les préparatifs ontologiques indispensables de 251 d-259 d, du premier texte.

Ce texte parlait en effet de la difficulté soulevée par "quelques vieux", selon lesquelle "il est impossible que le multiple soit un, et que l'un soit multiple", qu'on n'a pas le droit de dire de l'homme qu'il est bon, "mais seulement que le bon soit dit bon, et l'homme, homme". C'est cette même conception "monadique", si l'on peut dire, qui est attaquée au début du passage de la solution:

"C'est la plus radicale manière d'anéantir tout discours que d'isoler chaque chose de tout le reste; car c'est pala mutuelle combinaison des formes que le discours nous est né" (18).

Les trois hypothèses sur la communauté des genres (251 d-e) sont reprises ici, mais cette fois appliquées aux noms; la question devient ainsi "si tous s'accordent, ou bien aucun, ou si les uns se prêtent à l'accord, les autres, non" (19). Ici c'est la troisième hypothèse qui est retenue, comme elle l'a été aussi dans l'autre cas (252 e). A partir de la possibilité d'accord entre les signes du langage, qui correspond à une autre possibilité analogue pour les objets extérieurs (cf. 262. d-e), la prédication est possible. Au même sujet, Théétète, par exemple, je peux attribuer qu'il "est assis", ou qu'il "vole". La vérité ou la fausseté de l'attribution dependra de sa correspondance avec la réalité. La définition finale du discours montre: a) que la fausseté ou la vérité résident en réalité dans la qualité de l'attribut (20); elle montre aussi: b) que l'attribution n'est qu'une forme d'assemblage (sunthesis) (21). Ce dernier point met en lumière la liaison entre le problème de l'attribution et celui de l'Un - Multiple, et par conséquent le rapport entre les termes dans lesquels le problème de 251 a-c a été posé et la définition du discours, qui répond en fait à ce problème-là: le premier montre la liaison entre attribution et fausseté; les deux ensemble témoignent du rapport étroit existant entre 251 a-c d'une part et 236 d-237 a et 259 e-264 a de l'autre.

Le texte 251 a-c n'est donc pas une simple digression puisqu'il pose un problème important, celui de l'attribution; il ne présente pas seulement un exemple banal: il pose plûtot un problème général; même l'exemple présenté n'est pas exclu comme chose superflue : il est suivi par un autre exemple plus important et qui intéresse directement le dialogue; de toute façon l'ensemble du problème de la prédication est repris dans 259 e ss., où il trouve sa solution. Le passage 251 a-e peut être considéré comme un ensemble: le problème de la communication des genres est une reprise en termes ontologiques de la question des rapports entre l'Un et le Multiple à laquelle est lié le problème de la prédication; les deux problèmes réunis ensemble dans une seule page forment un petit modèle de l'agencement de l'épistémologique et de l'ontologique; le problème de la prédication n'est pas une simple introduction à celui de la communauté des genres: nous sommes tenté même de dire, et cette recherche nous y invite, que ce dernier n'est posé qu'à propos du premier (22) . Enfin et surtout, la question de la prédication constitue, à notre avis, l'une des trois étapes épistomologiques du dialogue, la première étant la question de la fausseté et la troisième la solution finale: il pose la première en termes généraux, et c'est sa propre solution qui fournit une explication  satisfaisante au phénomène de la fausseté. Cette question est même préparée (attribution de l'être et d'autres attributions au non-être) dans la première partie ontologique du dialogue (237 a-251 a) séparant les deux premières étapes épistémologiques, et a des suites (rapports entre être, mouvement et repos) dans la deuxième partie ontologique (251 d-259 d) séparant les deux dernières étapes épistémologiques. Elle est placée ainsi au centre même des développements du Sophiste dont elle constitue, à coup sûr, sinon le problème principal (qui est au point de vue epistémologique, celui de la fausseté), du moins le noeud central(23).

NOTES

(1) P. 276 de sa Notice (Sophiste, collection G. Budé).

(2) Les dialogues de Platon, 2 éd., Paris, 1963, p. 179.

(3) Plato's Theory of Knowledge, p. 253.

(4) 236 c.

(5) 236 d.

(6) 236 d - 237 a.

(7) 237 a.

(8) Cf., par exemple, 237 c, 250 d.

(9) Cf. V. Brochard, De l'erreur, éd. 1879, p. 17: "On ne peut unir ce non-être à rien dans un jugement. L'attribution à l'être serait manifestement contradictoire. L'attribution à quelque chose, c'est l'attribution à l'être, car quelque chose ne peut être que d'un être".

(10) "Supposons que, la question sérieusement posée, quelqu'un de ceux qui nous écoute eut charge de dire à quel objet se doit appliquer ce nom de "non-être"; quelle application pensons-nous qu'il en ferait, à quel objet et comment qualifier, soit en sa propre pensée, soit dans l'explication qu'il en devrait fournir? ... Une chose est sûre, en tout cas: à quelque être que ce soit, le non-être ne se peut attribuer; ... or, si on ne peut l'attribuer à l'être, l'attribuer au "quelque" serait faire une attribution tout aussi incorrecte ..." (237 b-c.).

(11) Robin traduit ici par "se joindre"; Cornford, Plato's Theory of Knowledge, p. 205, traduit par "to be attributed to".

(12) 238 a.

(13) 241 b.

(14) Robin: "joindre", Cornford: "attributing".

(15) 239 b, trad. Diès.

(16) 248 e - 249 d

(17) En réalité, Platon pose un problème relativement différent de celui que les lignes précédentes laissaient attendre: en effet dans le cas de l'attribution de l'être au mouvement et au repos, il s'agit d'une unicité de l'attribut et d'une pluralité des sujets; ici, c'est le cas contraire: une unicité du sujet et une pluralité des attributs.

(18) 259 e; cf. encore, 260 a-b.

(19) 261 d.

(20) Voici la definition du discours faux: "Ainsi un assemblage de verbes et de noms, qui à ton sujet, énonce, en fait, comme autre, ce qui est même, et, comme étant, ce qui n'est point, voilà, ce semble, au juste, l'espèce d'assemblage qui constitue réellement et véritablement un discours faux" (263 d, trad. Diès).

(21) L'assemblage suppose le rejet de la conception "monadique" du langage dont parlait le texte 251 a-b. Le texte 262 d peut en être considéré comme une réponse directe: "le discours" ne se borne pas à nommer (cf. 251 bl: "nous ne disons pas seulement de l'homme qu'il est homme", mais effectue un achèvement, en entrelaçant les verbes avec les noms).

(22) Léon Robin (Les rapports de l'être et de la connaissance d' après Platon, Paris, 1957, p. 100), et Joseph Moreau (Realisme et idéalisme chez Platon, Paris, 1951, p. 38) étaient arrivés, de leurs cotés, à une position analogue.

(23) Si l'on considère que le véritable dialogue commance à 236 e (position du problème de la fausseté) et se termine à 264 a (fin de la solution), ou même qu'il commence à 231 c (récapitulation des définitions) et se termine à 268 d (définition du sophiste et fin réel), on trouvera que le texte de notre problème occupe une position matériellement centrale: il est précédé de 15 pages et suivi par 13 dans le premier cas, et vient après 19 et précède 17 dans le deuxième.