Vol. 18 No. 3 1951 - page 280

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PARTISAN R£VIEW
Another writer of the Romantic generation, Balzac, who had
as great a creative gift and far more closeness to reality, seized upon
the representation of contemporary life as his own particular task
and, together with Stendhal, can be regarded as the creator of
modem realism. He was sixteen years younger than Stendhal, yet
his
first characteristic novels appeared at almost the same time as
Stendhal's, that is, about 1830. To exemplify his method of presenta–
tion we shall first give his portrait of the pension mistress Madame
Vauquer at the beginning of
Le pere Coriot
(1830). It is preceded
by a very detailed description of the quarter in which the pension
is located, of the house itself, of the two rooms on the ground floor;
all this produces an intense impression of cheerless poverty, shabbi–
ness, and dilapidation, and with the physical description the moral
atmosphere is suggested. After the furniture of the dining room
is described the mistress of the establishment herself finally appears:
Gette piece est dans tout son lustre au moment
011.,
vers sept heures
du matin, Ie chat de Mme Vauquer precede sa maztresse, saute sur les
buffets,
y
flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'as–
siettes et fait entendre son
ronron
matinal. Bientat la veuve se montre, at–
tifee de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux
mal mis;elle marcheen tratnassant ses pantoufles grimacees. Sa face
vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez
a
bec de per–
roquet; ses petites mains potelees, sa personne dodue comme un rat
d'eglise, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec
cette salle
011.
suinte le malheur,ou s'est
blotti~
la speculation, et dont
Mme Vauquer respire l'air chaudement tetide sans en etre ecoeuree.
Sa figure frazche comme une premiere getee d'automne, ses yeux rides,
dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses
a
l'amer ren–
frognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension,
comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans
l'argousin, vaus n'imagineriez pas l'un sans l'autre. L'embonpoint blafard
de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est
La consequence des exhalaisons d'un hOpital. Son jupon de Iaine tricotee,
qui depasse sa premiere jupe faite avec une vieille robe, et dont la
ouate s'echappe par les fentes de l'etoffe tezardee, resume le salon, la
salle
a
manger, Ie jardinet, annonce la cuisine
et
fait pressentir les
pensionnaires. Quand eUe est ltl, ce spectacle est complet. Agee d'environ
cinqttante ans, Mme Vauquer ressemble
a
toutes les femmes
qui
ont
eu
des malheurs.
Elle a l'oeil vitreux, ['air innocent d'une entremetteuse
qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d'ailleurs prete
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